Lapremière chose à faire pour déterminer si quelqu’un dort ou s’il est dans un état d’inconscience est de vérifier s’il est réactif. Essayez de lui parler, de le secouer doucement ou de faire un bruit fort. S’il ne se réveille pas après tout cela, vous devez rapidement vérifier sa respiration. En outre, vérifiez s’il manifeste des symptômes qui peuvent attester qu’il L’inconscient n’est-il qu’un moindre degré de conscience ? – L’inconscient n’est-il qu’une conscience obscurcie ? – L’inconscient pense-t-il ? – Peut-on agir inconsciemment ? – Peut-on concevoir une conscience sans inconscient ? – Peut-on s’excuser en disant : « j’ai agi inconsciemment » ? – Puis-je ne pas savoir ce que je fais ? – Une pensée peut-elle Ilsfont leur retour de manière déguisée dans le rêve ou sous forme de symptômes. Investis de l'énergie pulsionnelle, ils sont régis par des mécanismes propres au système inconscient. L'inconscient n'est donc pas une conscience obscurcie. Il ne peut même pas être pensé avec les catégories traditionnelles dont s'accommode la conscience. Pourma part, l’inconscient est un animal, une bête doué d’une intelligence qui lui est propre, ce monde de violence lui va très bien, tandis que la conscience est un bien très précieux et se sent mal à l’aise dans ce monde ci pour pouvoir s’épanouir pleinement, un chemin paraît il dangereux, la bête est le gardien qu’il faut Ainsi on reproche volontiers à un enfant qui ne fait pas suffisamment attention à un éventuel danger d'être complètement inconscient : dans ce contexte, cela signifie seulement que sa vigilance à ce qui l'entoure n'est pas suffisante, et l'on voit bien comment cette insuffisance peut s'interpréter comme n'étant rien de plus grave qu'un moindre degré de conscience ; on 3 Souvenirs affections, troubles, oublis sont des réalités psychiques sur lesquelles il suffit que l'attention du sujet se porte pour qu'elles soient visibles à la conscience. En ce sens, ces éléments inconscients peuvent être considérés comme une conscience endormie, une conscience de faible degré. Ilest faux que la cure fasse passer le "souvenir" pathogène de l'inconscient dans le conscient, elle conduit à former un "souvenir" là où il avait "quelque chose" qui opprimait la conscience, "quelque chose qui était issu du passé mais qui était un infra-souvenir et qui, sans doute, opprimait la conscience parce qu'elle ne pouvait plus former un souvenir sur cette matière Lesréponses avec Pascale Chapaux-Morelli, présidente de l'Association d'aide aux victimes de violences psychologiques : "Le pervers narcissique en général n'est pas conscient et le déni est une des caractéristiques à plusieurs niveaux de cette pathologie, donc il nie également et surtout sa propre pathologie. L'inconscient n'est il qu'une conscience obscurcie?" P. forumphilo. Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer. forumphilo. Forum dédié à la philosophie et à l'aide aux devoirs (dissertations et commentaires de textes). Accueil ; Rechercher . S'enregistrer ; Connexion ; Le Deal du Icila formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient SW8Tj. Au cœur de la vie extérieure ordinaire, la passionnante aventure intérieure De nos jours, de plus en plus de gens, et plus particulièrement ceux qui vivent dans les grandes villes, souffrent d’un terrible sentiment de vide et d’ennui, comme s’ils attendaient quelque chose qui n’arrive jamais. Le cinéma et la télévisons, les spectacles sportifs, les évènements politiques, les distraient pendant un temps mais ils se retrouvent sans cesse épuisés et désenchantés devant le désert de leur propre vie. La seule aventure qui vaille encore d’être vécue pour l’homme moderne se situe dans le royaume intérieur de sa psyché inconsciente. C’est avec une conscience vague de cette idée que beaucoup se tournent aujourd’hui vers le Yoga, ou d’autres pratiques orientales. Mais elles n’offrent pas d’aventure authentiquement nouvelle, car nous ne faisons qu’y hériter la sagesse des Hindous ou des Chinois, sans avoir de contact direct avec notre centre psychique individuel. S’il est vrai que les méthodes orientales favorisent la concentration d’esprit et la méditation intérieure ce qui est, en un sens, analogue à l’introversion dans un traitement psychanalytique il y a une différence très importante. Jung a mis au point une méthode pour accéder à ce centre intérieur, et établir le contact avec le mystère vivant de l’inconscient, seule et sans aide. Ceci s’écarte complètement des sentiers battus. Essayer de donner à la réalité vivante du Soi une quantité constante d’attention quotidienne équivaut à essayer de vivre simultanément sur deux plans, ou dans deux mondes différents. On s’occupe, comme avant, des obligations de la vie active, mais en même temps on reste réceptif à toutes les suggestions, tous les signes, à la fois ceux des rêves et des évènements extérieurs, que le Soi utilise pour symboliser ses intentions – le sens dans lequel coule le fleuve de la vie. Les vieux textes chinois qui ont trait à cette expérience, utilisent fréquemment l’image du chat qui observe le trou de la souris. Un texte dit qu’il ne faut pas se laisser distraire par des pensées incidentes, mais que l’attention ne doit pas non plus être trop aiguisée, ni d’ailleurs trop émoussée. Il y a un seuil bien défini de perception Si l’entrainement est pratiqué de cette manière….il deviendra efficace à mesure que le temps passera et quand le principe touchera à l’accomplissement, comme un melon mûr qui tombe automatiquement, tout ce avec quoi il entrera en contact provoquera subitement l’éveil suprême de l’individu. C’est le moment où le praticien sera comme l’homme qui boit de l’eau et qui est seul à savoir si elle est froide ou chaude. Il est libéré de tous les doutes sur lui-même, et éprouve un grand bonheur, comparable à celui que l’on ressent quand on rencontre son père à la croisée des chemins. C’est ainsi qu’au cœur de la vie extérieure ordinaire, on est subitement engagé dans la plus passionnante des aventures intérieures. Et du fait qu’elle est unique pour chaque individu, elle ne peut être ni violée, ni copiée. Il n’y a deux raisons principales qui font perdre à l’homme contact avec son centre psychique régulateur L’une est qu’une pulsion instinctuelle ou une image fortement chargée d’affectivité peut le faire pencher d’un coté et lui faire perdre son équilibre. Cela se produit aussi chez les animaux ; un cerf sous l’emprise de l’excitation sexuelle oubliera complètement et la faim et le soin de sa sécurité. Cet aveuglement et cette perte d’équilibre inspirent beaucoup d’effroi aux primitifs, qui parlent alors de la perte de l’âme ».L’équilibre intérieur est aussi menacé par une tendance excessive à la rêverie, qui tourne en général secrètement autour de certains complexes. En fait, cette rêverie se produit précisément parce qu’elle met l’homme en relation avec ses complexes. Mais en même temps, elle menace la concentration et la continuité de la conscience. Le deuxième obstacle, exactement opposé, est dû à un trop grand raffermissement de la conscience du Moi. Bien qu’une conscience disciplinée soit nécessaire à l’accomplissement des activités de l’homme civilisé, nous savons ce qui arrive lorsqu’un aiguilleur, sur la voie ferrée se laisse aller à la rêverie elle a l’inconvénient grave de devenir facilement un obstacle à la réception des impulsions et des message venant du centre. C’est pourquoi les rêves des hommes civilisés s’efforcent si fréquemment de rétablir cette réceptivité en corrigeant l’attitude de la conscience à l’égard du centre inconscient du Soi. Mandala, le cercle magique Parmi les représentations mythologiques du Soi, on trouve fréquemment les quatre coins du monde, et dans beaucoup d’images, le Grand Homme figure au centre d’un cercle divisé en quatre. Jung utilisait le mot Hindou mandala cercle magique pour désigner une structure de cet ordre, qui est une représentation symbolique du noyau originel de la psyché, dont l’essence nous est inconnue. Et il est intéressant de remarquer ici que le chasseur Naskapi ne représente pas son Grand Homme comme un être humain, mais comme un mandala. Alors que les Naskapis peuple nomade du nord canadien ont une expérience immédiate et naïve du centre intérieur, sans l’aide de rites religieux ni de doctrines, d’autres communautés utilisent le mandala afin de rétablir un équilibre intérieur perdu. Par exemple, les Indiens Navahos essaient, au moyen de peinture sur le sable, auxquelles ils donnent la structure du mandala, de parvenir à ramener un malade à l’harmonie avec son âme et le cosmos. Dans les civilisations orientales, des images analogues sont utilisées pour consolider l’être intérieur, ou pour favoriser la méditation en profondeur. La contemplation d’un mandala est sensé inspirer la sérénité, le sentiment que la vie à retrouvé son sens et son ordre. Le mandala produit le même effet lorsqu’il apparaît spontanément dans les rêves de l’homme moderne qui ignore ces traditions religieuses. Peut-être l’effet positif est-il encore plus grand dans ce cas parce que la connaissance et la tradition peuvent émousser ou même rendre impossible l’expérience spontanée. Un exemple de mandala surgi spontanément nous est donné dans le rêve d’une femme de soixante deux ans. Il apparaît comme un prélude à une nouvelle phase de sa vie où elle eut une activité créatrice particulièrement intense Je vois un paysage dans la pénombre. A l’arrière-plan, je vois s’élever puis se prolonger horizontalement la crête d’une colline. A l’endroit où elle s’élève, se meut un disque quadrangulaire qui brille comme de l’or. Au premier plan je vois de la terre noire labourée, où des pousses commencent à germer. Puis je perçois subitement une table ronde avec une dalle de pierre grise dessus, et au même moment, le disque quadrangulaire est soudain debout sur la table. Il a quitté la colline, mais quand et comment, je ne sais pas. Les paysages dans les rêves comme dans l’art expriment souvent un état d’âme ineffable. Dans ce rêve, la pénombre indique que la clarté diurne de la conscience est obscurcie. La nature intérieure » peut maintenant commencer à se révéler dans sa propre lumière, aussi le disque quadrangulaire devient-il visible à l’horizon ? Jusqu’à présent, le symbole du Soi, le disque, avait été surtout une intuition à l’horizon mental su sujet, mais maintenant il change de position et devient le centre du paysage de l’âme. Une graine depuis longtemps semée, commence à germer. Le sujet faisait depuis longtemps attention à ses rêves, et cette persévérance commence à porter des fruits. On se souvient du rapport que j’ai déjà mentionné entre le symbole du Grand Homme et la vie végétale. Et puis le disque d’or se déplace vers la droite » – le coté où les choses devinent conscientes. Entre autres, la droite signifie souvent, psychologiquement, le coté de la conscience, de l’adaptation, alors que la gauche est la sphère de l’inadaptation, des réactions inconscientes, et quelque fois même de quelque chose de sinistre du mot latin sinister. Le disque d’or s’arrête dans son mouvement et vient se poser sur la table de pierre. Il a trouvé une base permanente. La rondeur le motif du mandala symbolise en générale l’intégrité naturelle, alors que la forme quadrangulaire représente la prise de conscience de cette intégrité. Dans le rêve, le disque carré et la table ronde se rencontrent, annonçant une prise de conscience imminente du centre. La table ronde, incidemment, est un symbole bien connu de plénitude, et joue un rôle de mythologie, par exemple la table ronde du Roi Arthur, qui dérive elle-même de la table de la Cène. En fait, à chaque fois que l’être humain se tourne sincèrement vers son monde intérieur et essaie de se connaître, non pas en ruminant ses pensées et ses sentiments subjectifs, mais en suivant les manifestions de sa propre nature objective, tels que les rêves et les fantasmes authentiques, alors, tôt ou tard, le Soi émerge. Le Moi découvre alors une force intérieure qui contient toutes les possibilités de renouvellement. Mais il surgit une difficulté considérable, que je n’ai mentionnée qu’indirectement jusqu’à présent. C’est que chaque personnification de l’inconscient – l’ombre, l’anima, l’animus ou le Soi – a non seulement un aspect lumineux mais un aspect ténébreux. La polarité Nous avons vu que l’ombre peut être vile et mauvaise et se manifester comme une pulsion instinctuelle qu’il faut surmonter. Mais elle peut être aussi une impulsion allant dans le sens de la croissance, qu’il faut développer. De la même façon, l’anima et l’animus ont des aspects doubles ils peuvent provoquer une évolution vivifiante de la personnalité, lui apporter un esprit créateur, ou ils peuvent causer la pétrification et la mort physique. Le Soi lui-même, ce symbole qui embrasse tout l’inconscient, a un effet ambivalent. Le coté ténébreux du Soi représente le pus grand danger, précisément parce que le Soi est la plus grande des forces psychiques. Il peut amener les gens à fabriquer des fantasmes mégalomaniaques , ou d’autres aussi illusoires dont ils seront possédés » . Une personne qui se trouve dans cet état croira, par exemple, avec une exaltation croissante qu’elle a percé les grandes énigmes de l’univers, perdant ainsi tout contact avec la réalité humaine. Un symptôme caractéristique de cet état est la perte du sens de l’humour et des contacts humains. L’émergence du Soi peut donc mettre en danger le Moi conscient. Ce double aspect du Soi est joliment illustré par un vieux conte iranien appelé Le Secret du Bain Bâdgerd » Le grand et noble prince Hâtim Tâi reçoit de son roi l’ordre d’explorer le mystérieux Bain Bâdgerd château de la non-existence. Quand il s’en approche après de multiples et dangereuses aventures, il apprend que personne n’en est jamais revenu, mais veut tout de même poursuivre son entreprise. Il est accueilli dans un édifice circulaire par un barbier muni d’un miroir, qui le mène au bain, mais sitôt que le prince pénètre dans l’eau, il entend un bruit de tonnerre, l’obscurité se fait, le barbier disparaît, et l’eau commence à monter. Hâtim nage désespérément en rond jusqu’à ce que l’eau finalement atteigne le sommet de la coupole surmontant le bain. Se croyant perdu, il dit une prière, et saisit la pierre centrale de la coupole. De nouveau le tonnerre retentit et Hâtim se trouve seul dans un désert. Après avoir erré longtemps il arrive dans un beau jardin au milieu duquel il y a un cercle de statues de pierre. Au centre, il aperçoit un perroquet dans une cage, et une voix venue d’en haut dit L’homme héroïque, tu ne sortiras probablement pas vivant de ce bain. Jadis Gayomart le Premier Homme trouva un énorme diamant qui brillait plus que le soleil et la lune. Il décida de le cacher en un endroit où personne ne pût le trouver et il construisit ce bain magique pour le protéger. Le perroquet que tu vois fait partie de cet enchantement. A coté de lui tu trouveras un arc d’or et une flèche attachée à une chaine d’or avec lesquels tu peux essayer à trois reprise de tuer le perroquet. Si tu l’atteins, la malédiction sera levée. Sinon tu seras pétrifié, comme le furent tous ceux que tu vois ici ». Hâtim essaie une première fois, et manque l’oiseau. Ses jambes se pétrifient. Il essaie une deuxième fois, et est pétrifié jusqu’à la poitrine. La troisième fois, il ferme les yeux, s’exclamant Dieu est grand », tire à l’aveuglette, et atteint le perroquet. Coup de tonnerre, nuages de poussière. Quand tout s’est apaisé il y a, à la place du perroquet, un énorme diamant, et toutes les statues sont revenues à la vie. Les hommes le remercient de les avoir délivrés. Le lecteur reconnaitra les symboles du Soi dans cette histoire le Premier Homme Gayomart, l’édifice rond en forme de mandala, la pierre centrale, et le diamant. Mais ce diamant est entouré de dangers. Le perroquet démoniaque représente l’esprit d’imitation néfaste qui nous fait manquer le but et nous pétrifie psychologiquement. Comme je l’ai remarqué plus haut, le processus d’individuation exclut toute imitation des autres. A maintes reprise, dans le monde, les hommes ont cherché à copier par leur attitude extérieure et leur comportement rituel l’expérience religieuse originale, leurs maitres spirituels, Christ ou Bouddha par exemple, et se sont ainsi pétrifiés ». Suivre la voie d’un maître spirituel ne signifie pas qu’il faille le copier et se conformer au modèle du processus d’individuation de ce guide. Cela signifie que chacun doit essayer de vivre sa propre vie avec une sincérité et une dévotion égales à celles du maître. Le barbier au miroir, qui disparaît, symbolise la faculté de réflexion que Hâtim perd au moment où il en a le plus besoin. Les eaux qui montent représentent le risque de se noyer dans l’inconscient et de se perdre dans ses propres émotions. Si l’on veut comprendre les indications symboliques que nous fournit l’inconscient, il faut prendre garde à ne pas sortir de soi, à ne pas être hors de soi ». Il est d’une importance essentielle que le Moi continue à fonctionner normalement. Ce n’est que si je demeure un être humain ordinaire, conscient de son incomplétude, que je deviens réceptif aux contenus et aux processus significatifs de l’inconscient. Mais comment l’être humain peut-il résister à la tension de se sentir en union avec l’univers entier, quand il n’est en même temps qu’une misérable créature humaine ? Si je me méprise, en considérant que je ne suis qu’un nombre dans une statistique, ma vie n’a pas de sens, et ne mérite pas d’être vécue. Mais si en revanche j’ai l’impression de participer à quelque chose de beaucoup plus vaste, comment vais-je conserver les deux pieds sur terre ? Il est en fait très difficile d’unir en soi ces deux extrêmes sans tomber dans un excès ou dans un autre. Marie-Louise von Franz L’homme et ses symboles Edition Robert Laffont Le concept d'inconscient a un sens déterminé il s'agit d'un concept forgé par la psychanalyse pour rendre compte du fonctionnement du psychisme humain. Cependant, le travail philosophique sur cette notion implique d'interroger plus largement les sens de l'inconscient. On peut ainsi parler, plus largement, d'inconscience pour désigner une conduite irresponsable, mais aussi pour désigner ce dont une personne ne se rend pas compte par exemple lorsqu'elle dort. Quel que soit le sens retenu pour parler de l'inconscient, cette notion renvoie au problème de la connaissance de soi et de la liberté du sujet agissant. ILes marques de l'inconscient ALes perceptions échappant au sujet On pense souvent que le sujet est transparent à lui-même il aurait conscience de tout ce qu'il sent, de tout ce qu'il perçoit, et de tous ses désirs. Pourtant, l'expérience commune nous apprend que nombre de ces choses peuvent lui échapper. C'est ce qu'illustrent les actions réflexes, comme éteindre son réveil ou éviter un projectile. Il y a un certain nombre d'actions que le sujet fait sans même y dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain, s'intéresse de près à ces choses qui échappent à un sujet et remarque notamment qu'un grand nombre de perceptions ne sont pas conscientes. Perception La perception correspond au fait de saisir la réalité par l'esprit. Cela se fait grâce aux cinq sens du Leibniz, certaines perceptions ne sont perçues que lorsqu'elles forment un tout. C'est par exemple le cas du bruit d'une vague. Le sujet ne perçoit pas le bruit de chacune des gouttes d'eau qui composent la vague. En revanche, il perçoit comme un tout le bruit que fait la Wilhelm LeibnizNouveaux essais sur l'entendement humain, Jacques Brunschwig, Paris, éd. Flammarion 1993Bien qu'on ne saisisse que le tout de ces perceptions, chacune d'entre elles produit bien un effet sur nous. BL'opposition entre pensées conscientes et pensées inconscientes Il y aurait une différence de degré entre les perceptions conscientes et les perceptions inconscientes. Poser une différence de degré entre le conscient et l'inconscient présuppose une continuité de l'un à l'autre. Contrairement à l'idée d'un sujet pleinement conscient de lui-même, il semblerait que l'inconscient soit au fondement de la vie philosophe Arthur Schopenhauer propose de concevoir le psychisme sur le modèle d'une opposition entre les pensées conscientes et les pensées inconscientes. Comparons notre conscience à une eau de quelque profondeur ; les pensées nettement conscientes n'en sont que la surface ; la masse, au contraire, ce sont les pensées confuses, les sentiments vagues, l'écho des intuitions et de notre expérience en général, Monde comme volonté et comme représentation, Die Welt als Wille und Vorstellung, trad. Auguste Burdeau, Paris, éd. Félix Alcan 1885Alors que les pensées inconscientes sont extrêmement nombreuses, les pensées conscientes ne représentent qu'une infime partie de ce à quoi le sujet a y aurait donc une opposition entre d'un côté les pensées conscientes, celles auxquelles le sujet a accès et, d'un autre côté, la masse de ses pensées inconscientes, qui constituent la matrice, le fondement de toutes ses pensées connues. CLe mode d'existence des pensées inconscientes Si l'homme n'a accès qu'à ses pensées conscientes, il importe de préciser le mode d'existence des pensées Bergson s'est intéressé à cette question. Généralement, on considère que les états psychologiques passés, tels que les souvenirs ou les rêves, n'existent pas ou plus, car ils ne sont pas conscients. Contrairement à cette idée répandue, Bergson tente de mettre en évidence que le fait de n'avoir pas conscience de ses états psychologiques ne signifie pas qu'ils n'existent pas et qu'ils n'ont pas d'effet sur le expliquer cette idée, il procède par analogie ce n'est pas parce que je n'ai pas conscience de l'existence de la ville autour de moi en un instant précis que celle-ci n'existe pas. De la même façon, ce n'est pas parce que je n'ai pas une représentation consciente de mes souvenirs à un instant précis que ceux-ci n'ont pas d' ainsi que Bergson distingue deux types de mémoire La mémoire habitude Il s'agit d'une mémoire fondée sur la répétition. Elle permet par exemple d'apprendre par cœur un poème ou une leçon. La mémoire pure Il s'agit des souvenirs qui restent endormis dans notre conscience. Ils ne sont pas présents pour notre conscience, ce qui ne signifie pas qu'ils n'existent plus. Les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l'état de fantômes spirituelle. Essais et conférences, Paris, éd. Félix AlcanLes souvenirs continuent donc d'exister dans le sujet malgré le fait qu'il n'en ait pas à tout moment une représentation est possible de parler de représentations inconscientes dès lors que l'on comprend qu'il existe un certain nombre de contenus mentaux qui, tout en n'étant pas conscients à un moment précis, n'en continuent pas moins d'exister et d'avoir un effet sur le sujet. Ces représentations inconscientes peuvent resurgir à un instant précis du présent dès lors qu'il présente un intérêt pour une action à réaliser. IIL'inconscient psychanalytique ALa révolution psychanalytique 1L'invention de la psychanalyse À l'origine, Freud est un médecin qui se spécialise dans l'étude du système travaux qu'il présente sont d'abord conçus comme des hypothèses scientifiques, et plus particulièrement comme des outils cliniques destinés à soigner les névroses. Névrose Selon Freud, la névrose est le résultat d'un conflit entre les pulsions inconscientes et les exigences morales de la conscience. Elle est différente de la psychose, dont le malade n'a pas conscience et qui est plus Freud est considéré comme le père de la psychanalyse, c'est parce qu'au cours de ses travaux sur les névroses, il en vient à forger l'hypothèse de l'existence d'un inconscient dans le psychisme humain. Formuler l'hypothèse de l'inconscient est pour lui à la fois une nécessité théorique, pour comprendre comment fonctionne le psychisme, mais aussi pratique, puisqu'elle doit permettre de guérir des malades ne présentant pas de symptômes physiques expliquant leurs névroses. 2La rupture philosophique introduite par Freud La formulation du concept d'inconscient est décisive pour la pensée philosophique du sujet. En effet, ce concept introduit l'idée que l'homme n'est pas transparent à lui-même. L'idée d'un homme gouverné par son inconscient psychique s'oppose à l'idée d'une suprématie de la conscience. En introduisant la vision d'un sujet décentré par rapport à lui-même à cause de ses pulsions inconscientes, Freud fait de la conscience une partie infime du psychisme humain. Le moi n'est pas maître dans sa propre de psychanalyse appliquée, trad. Marie Bonaparte et E. Marty, Paris, éd. Gallimard, coll. Les Essais » n° 61, 1952Freud introduit une vraie révolution en s'attaquant à la vision classique du sujet conçu comme entièrement conscient de lui-même, capable d'une totale maîtrise de ses passions. C'est pourquoi Freud affirme que la théorie de l'inconscient est la troisième des trois grandes blessures narcissiques » de l'humanité. La première a été introduite par Nicolas Copernic, qui a mis en évidence que la Terre n'était pas le centre de l'Univers. La seconde a été introduite par Charles Darwin qui a démontré que l'homme n'était pas le centre de la création. Finalement, Freud et la psychanalyse introduisent l'idée que l'homme n'est pas maître de sa propre conscience. BLe concept d'inconscient freudien 1La structure de l'appareil psychique L'inconscient freudien comprend d'abord tout ce à quoi le sujet ne pense pas. Par exemple, le sujet a sans cesse des automatismes, dans les gestes, les pensées et les paroles. Qu'une chose se passe dans ton âme ou que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même de psychanalyse appliquée, trad. Marie Bonaparte et E. Marty, Paris, éd. Gallimard, coll. Les Essais » n° 61, 1952Ce n'est pas parce que le sujet ne perçoit pas ce qui se passe en lui que des choses n'existent pas à l'intérieur de lui. La définition freudienne de l'inconscient n'inclut pas uniquement ces choses auxquelles le sujet ne pense pas. Pour lui, l'inconscient comprend aussi des pensées refoulées par l'esprit, non pas de manière volontaire, mais spontanée. L'inconscient, au sens freudien, est le produit du refoulement. Il s'agit en fait de désirs et de pulsions refoulés dans l'inconscient en raison de leur incompatibilité avec les exigences morales et sociales intériorisées par le rendre plus claire sa conception du psychisme humain, Freud propose une première division de l'appareil psychique, qu'il décrit comme une maison à trois étages Le conscient est ce qui permet l'adaptation du sujet au réel. Le préconscient regroupe tout ce dont le sujet n'a momentanément pas conscience, bien qu'il puisse l'exprimer par le langage. Par exemple, un patient de Freud déclare j'ai rêvé d'une femme plus âgée, mais ce n'est pas ma mère ». Dans cet exemple, le patient parle réellement de sa mère, mais déniant » cette interprétation, qui est juste. Il ne reconnaît que ce que sa conscience accepte. Le langage sert donc à la fois à parler de l'inconscient et à le censurer en conformité avec la morale de la conscience. L'inconscient, qui représente la plus grande part de l'appareil psychique, regroupe l'ensemble des désirs qui cherchent à rejoindre le préconscient mais qui sont refoulés, sous l'effet d'une censure morale interne au sujet. À partir des résultats de ses nouveaux travaux, Freud propose bientôt une nouvelle division de l'appareil psychique Le ça » est le réseau désordonné et inconscient des pulsions, entièrement régi par le principe de plaisir. Le surmoi » est l'instance morale, également inconsciente, qui regroupe les normes sociales et familiales intériorisées par le sujet. Le Moi » qui représente la plus petite part de l'appareil psychique est un médiateur, qui cherche à concilier les pulsions du ça » avec les interdits du surmoi ». De cette instance dépend l'équilibre psychique de la personne. Les divisions de l'appareil psychique humain d'après Freud Refoulement Le refoulement est un mécanisme psychique de défense consistant à mettre à distance, à reléguer dans l'inconscient, un souvenir, un désir, une émotion qui entre en conflit avec la conscience. Le refoulement est un mécanisme inconscient le sujet conscient ne sait pas qu'il refoule une pensée, celle-ci lui est donc inaccessible en dehors des diverses manifestations de son inconscient. 2Les manifestations de l'inconscient Le concept d'inconscient est au départ forgé afin de guérir des patients atteints d'importants troubles du comportement les handicapant dans leur vie quotidienne. Mais finalement, la structure de l'appareil psychique mise en évidence par Freud concerne tous les êtres humains. Ainsi, les pulsions inconscientes sont actives et tentent en permanence de se satisfaire chez nous se manifestent sous des formes déguisées, afin de tromper la vigilance de la conscience. Les actes manqués erreurs, oublis, lapsus, les rêves, ainsi que certains symptômes pathologiques tels que les phobies ou troubles de la parole, sont autant de manifestations de l'inconscient. Freud recense d'ailleurs ces manifestations dans son ouvrage Psychopathologie de la vie ces différentes manifestations de l'inconscient, les rêves jouent un rôle majeur remplis de symboles qui doivent être interprétés, leur analyse constitue pour Freud la voie d'accès royale à l'inconscient ». Pour la psychanalyse, le rêve est en effet la réalisation imaginaire de désirs refoulés, et il doit être analysé en fonction de son double contenu Le contenu manifeste » C'est le récit que l'on peut faire consciemment d'un rêve. Le contenu latent » C'est la signification réelle du rêve du point de vue de l'inconscient. L'interprétation du rêve consiste, à partir du contenu manifeste, à essayer de remonter au contenu latent. L'interprétation des rêves est une activité très difficile, dans la mesure où les significations dépendent de chaque individu, de son histoire et de ses désirs. C'est la raison pour laquelle il n'existe pas une méthode valant absolument pour expliquer les rêves le rêve ne peut se comprendre que rapporté par celui qui l'a fait et interprété selon son histoire personnelle. 3L'appropriation par le sujet de son inconscient L'hypothèse de l'inconscient semble donc mettre en évidence le fait que l'homme n'est pas entièrement maître de lui-même, de ses pensées et de ses actions. Néanmoins, cette réduction du pouvoir qu'il a sur lui-même ne doit pas être pensée comme une fatalité l'inconscient et ses manifestations peuvent aussi faire l'objet d'une appropriation par le sujet. C'est l'enjeu de la cure psychanalytique lorsqu'un patient entame un travail sur lui-même avec un psychanalyste, les manifestations de son inconscient sont étudiées, en même temps que le passé de l'individu. Là où était le Ça, le Moi doit conférences sur la psychanalyse, trad. Anne Berman, Paris, éd. Gallimard, coll. Idées » n° 247 1971, 1936Le but de la cure psychanalytique, pour le patient, est d'être à nouveau capable de vivre normalement, en faisant advenir à la conscience les mécanismes inconscients qui jouent comme autant de blocages. La cure psychanalytique a pour but, grâce à un travail sur les diverses manifestations de l'inconscient d'un patient éclairé par son histoire personnelle, d'aider celui-ci à vaincre ses troubles du comportement. Cette cure repose largement sur l'usage de la parole, et notamment sur la libre association d'idées. Il s'agit pour le sujet de conquérir un pouvoir sur cette partie de son psychisme qui lui à la cure psychanalytique, Freud évoque aussi le mécanisme de sublimation, mécanisme par lequel un individu parvient à exprimer positivement ses pulsions, empêchant ainsi qu'elles soient à l'origine de pathologies. C'est en particulier ce qui se passe dans l'exercice d'activités telles que l'art, la littérature ou bien encore la recherche scientifique. IIILes critiques adressées au concept d'inconscient ALe concept d'inconscient n'est pas scientifique Tout d'abord, le caractère scientifique de la théorie de Freud a été remis en Freud, la psychanalyse constitue une science à part entière elle est supposée avoir le même degré de scientificité que les autres sciences de la nature. Elle s'appuie cependant sur la biologie, dont Freud, médecin, va jusqu'à écrire qu'elle englobera un jour la psychanalyse. Cette approche n'est pas celle de la très grande majorité des psychanalystes, qui pensent que la psychanalyse, sans être exactement une science, est pourtant autonome. La psychanalyse est une pratique liée à la parole et non, comme la biologie et la médecine, au les observations et analyses des cas cliniques viennent-elles selon lui prouver son hypothèse de l'existence de l'inconscient. C'est justement ce critère de scientificité de la psychanalyse que le philosophe des sciences Karl Popper remet en effet, selon lui, une théorie n'est scientifique que s'il est possible d'énoncer les conditions dans lesquelles elle serait fausse c'est le critère de falsifiabilité. Autrement dit, une théorie n'est scientifique que dans la mesure où l'observation ou l'expérience peuvent théoriquement la réfuter. Or, il est impossible de tester expérimentalement la psychanalyse, où tout semble être interprétation, à commencer par le rêve que Freud considère comme la voie royale d'accès à l'inconscient ».Aucun type d'expérience ne permet de penser une réfutation possible de l'interprétation, qui est ainsi trop vraie pour être scientifique » d'après le critère de Popper. Conjectures et réfutations la croissance du savoir scientifique, Conjectures and refutations trad. Michelle-Irène B. de Launay, Marc Buhot de Launay, Paris, éd. Payot, coll. Bibliothèque scientifique » 2006Popper ne rejette donc pas la psychanalyse en tant que telle, puisqu'il reconnaît sa forte valeur explicative des comportements humains. Néanmoins, il refuse qu'on lui octroie le statut de science en raison de son caractère non falsifiable. BLe concept d'inconscient n'est pas moral La contestation la plus directe des théories de l'inconscient de Freud vient probablement du philosophe Alain. En effet, Alain adresse deux reproches majeurs à la théorie de l'inconscient, et notamment aux dérives auxquelles donne lieu cette théorie. D'une part, pour lui, il semble absurde d'affirmer l'existence de pensées auxquelles on ne pense pas toute pensée requiert un sujet qui les pense. De ce point de vue, l'inconscient est une invention, à la manière d'un personnage mythique. D'autre part, Alain souligne que dire du sujet qu'il n'est pas la source de ses pensées, qu'un autre pense en lui l'inconscient, c'est lui ôter toute responsabilité quant à ses actes. C'est ce qui, pour Alain, est inacceptable. Éléments de philosophie, Paris, éd. Gallimard, coll. Folio essais » 1990Accepter l'hypothèse de l'inconscient, compris comme l'existence dans un sujet d'une instance qui lui est étrangère et prend des décisions à sa place, constitue une faute morale. En effet, cela revient à se dégager de la responsabilité de ses actions et de ses pensées. Jean-Paul Sartre reprendra cette critique morale de l'inconscient tout en la radicalisant. Pour comprendre cette critique, il faut prendre en compte l'idée majeure de Sartre selon laquelle l'homme est condamné à être Sartre, ce qui définit l'homme, c'est d'abord le fait d'exister. Il n'y a donc pas d'autre nature humaine que le fait d'exister et de pouvoir librement choisir sa vie. L'existence est donc première par rapport à l'essence, c'est-à-dire à la nature de l'homme, qui n'est que le résultat de ce qu'il fait de sa vie. De ce point de vue, la liberté humaine est totale et inaliénable, mais elle comprend des conséquences inévitables, à commencer par la en raison de cette entière liberté de l'homme que l'hypothèse d'un inconscient psychique ne peut être acceptée par certains philosophes l'homme ne se définit pas par son essence ni par un inconscient ni par des déterminismes ni par un destin ou une volonté divine, mais uniquement par son existence. L'homme est responsable de chacun de ses actes et de chacune de ses pensées il ne peut pas invoquer, à titre d'excuse, un inconscient qui déciderait à sa place. Affirmer l'existence de l'inconscient revient à faire preuve de ce que Sartre nomme mauvaise foi », car cela permet de se dédouaner de sa responsabilité morale. L'individu qui invoque l'inconscient tente ainsi de se cacher derrière autre chose, afin de ne pas assumer les conséquences de ses choix. La conscience est un pouvoir de représentation permettant à l'homme d'avoir la connaissance des choses et de lui-même. Il sait qu'elles existent et il a la connaissance immédiate de sa propre existence ainsi que de ses états et de ses actes. Le terme signifie étymologiquement avec la connaissance de ». La conscience est un savoir accompagnant la vie, les pensées et les actes d'une personne. C'est même, si l'on en croit Locke, la conscience de soi qui fonde la possibilité de se savoir une seule et même personne tout au long de sa vie. En ce sens il semble y avoir une équivalence entre la conscience de soi et la connaissance de soi. Pourtant suffit-il de s'apercevoir, de se donner la représentation de soi-même pour prétendre avoir une véritable connaissance de soi ? La notion de connaissance connote en effet l'idée d'un savoir obéissant à une exigence de lucidité et d'objectivité. Connaître en ce sens consiste à déjouer les puissances trompeuses promptes à abuser l'esprit dans sa recherche de la vérité. La notion connote aussi celle d'un effort d'intelligibilité. Connaître consiste à rendre raison des choses par l'intelligence des causes, celles-ci n'étant jamais données mais découvertes par un exigeant travail de recherche. Si l'on donne à la notion de connaissance, son sens fort, il ne va donc plus du tout de soi que la conscience de soi soit une connaissance de soi. Le doute s'impose, par ailleurs, car nous faisons souvent l'expérience de l'opacité de notre être. Nous sommes tristes mais nous ne comprenons pas pourquoi, nous sommes traversés par un désir mais il nous étonne. Nous soupçonnons, dans telle situation, qu'il y a en nous quantité de choses dont nous ignorons l'existence et nous découvrons parfois dans la stupéfaction, l'écart existant entre l'image que nous nous faisons de nous-mêmes et celle que les autres nous renvoient. Pire, nous nous surprenons à nous mentir et à mentir aux autres comme s'il était impossible d'assumer certaines dimensions de notre être. Et il faut souvent la médiation d'autrui ou de certaines épreuves pour nous dessiller et comprendre que nous ne sommes pas ce que nous avions l'illusion d'être. Il apparaît donc que la conscience de soi, qui est une condition nécessaire de la connaissance de soi, n'en est pas une condition suffisante. La question est alors de savoir pourquoi il en est ainsi. Qu'est-ce qui expose la conscience de soi à l'illusion et la condamne souvent à être une méconnaissance de soi ? Pour autant, le terme de connaissance est-il approprié pour désigner l'opération permettant de se saisir dans son identité humaine et dans son identité personnelle ? Car le propre d'un sujet est de ne pas avoir la consistance et la permanence des objets. Si la connaissance implique des procédures d'objectivation, n'est-elle pas par principe condamnée à manquer l'identité d'un sujet ? Et qu'est-ce que le sujet ou le moi en dehors de la conscience qu'il a de lui-même ? Une fiction peut-être comme le montre Hume, auquel cas la conscience de soi n'aurait pas d'objet et si elle en a un, elle est disqualifiée par la réflexion précédente dans toute prétention à l'objectivité. Alors faut-il renoncer à la connaissance de soi-même ou bien faut-il comprendre que l'identité humaine et l'identité personnelle sont plus un projet qu'une donnée ; une décision qu'un être ; une destinée qu'un destin? Si c'est bien ainsi qu'il faut interpréter le connais-toi toi-même » socratique, cela signifie que seule la conscience d'être un esprit ou une liberté est une véritable connaissance de soi. Mais cette connaissance est une tâche à assumer, non le savoir objectif d'un supposé objet. I La conscience de soi est une connaissance immédiate de soi-même et du monde. La conscience est la modalité d'existence de l'être humain. Dès que la conscience s'éveille c'est le monde qui surgit avec moi et autrui situés en lui. Impossible d'échapper au savoir de sa propre existence, à l'intuition de ses états et de ses actes. Je fais tel geste et même si c'est sous une forme confuse j'en ai conscience. Je m'ennuie dans ce cours et je le sais. Certes la conscience peut être vague, engluée dans les automatismes, reste que dès qu'il y a conscience il y a connaissance. Il y a même sentiment d'être une seule et même personne tout au long de sa vie car étant toujours présent par la conscience à moi-même, je vis la multiplicité et la diversité de mes états comme miens. La conscience est donc une forme immédiate de connaissance or une connaissance immédiate peut-elle être une véritable connaissance ? Sous sa forme spontanée, la conscience n'est-elle pas exposée au préjugé, à l'illusion, à la naïveté, aux pièges des fausses évidences ? Platon a pointé dans l'allégorie de la caverne les risques d'un rapport au réel non médiatisé par la réflexion et l'ascèse de notre part sensible. Le danger est toujours de confondre l'apparence des choses avec les choses elles-mêmes. Par exemple, pour ce qui concerne notre question, est-il possible pour un sujet d'entretenir avec lui un rapport soucieux d'objectivité ? N'est-il pas beaucoup trop intéressé à construire une image gratifiante de lui-même pour être le meilleur placé pour se connaître ? Ce soupçon invite à poser la question du statut de l'introspection et à comprendre que sans la distance de l'extériorité et de l'objectivité, il est vain de prétendre à une connaissance objective de quoi que ce soit. Or dans le cas de la connaissance de soi, il est impossible de disjoindre le sujet et l'objet de la connaissance. De même, peut-il entrevoir que ce moi qu'il a conscience d'être est peut-être introuvable dès lors qu'on se mêle de le chercher sérieusement ? Chacun parle, en effet, spontanément de lui comme s'il était un être ayant une consistance et une permanence propres. Et les illusions intimistes sont monnaie courante. On invoque un moi profond », qui serait à retrouver derrière les multiples visages que chacun est pour chacun comme si la personne était quelque chose en dehors des rôles sociaux qu'elle incarne, des actes qui la révèlent ou des métamorphoses qu'elle subit. Or la réflexion pascalienne sur le moi nous affranchit de cette naïveté. Le moi est inassignable car tout ce qui le caractérise dans sa singularité concrète est multiple, divers et périssable. Alors pourquoi ne peut-on pas établir l'équivalence de la conscience de soi et de la connaissance de soi ? II Une connaissance non médiatisée n'est pas une véritable connaissance. La conscience de soi est méconnaissance de soi. Ce développement exige d'exploiter les thèmes suivants Pascal et sa critique de l'intérêt ou de l'amour-propre. Pascal souligne combien la conscience immédiate est investie par des affects, des désirs, des intérêts sensibles. Ses représentations sont construites sur d'autres exigences que le souci de la vérité. D'où les images de soi que chacun construit à son avantage et l'hostilité à l'égard de tous ceux qui dérangent Narcisse dans ses aveuglements. Cf. Pensée B82 Notre propre intérêt est encore un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement. Il n'est pas permis au plus équitable homme du monde d'être juge en sa propre cause ». Pensée B 100 La nature de l'amour-propre et de ce moi humain est de n'aimer que soi et de ne considérer que soi. Mais que fera-t-il ? Il ne saurait empêcher que cet objet qu'il aime ne soit plein de défauts et de misères il veut être grand, et il se voit petit ; il veut être heureux, et il se voit misérable; il veut être parfait, et il se voit plein d'imperfections ; il veut être l'objet de l'amour et de l'estime des hommes, et il voit que ses défauts ne méritent que leur aversion et leur mépris. Cet embarras où il se trouve produit en lui la plus injuste et la plus criminelle passion qu'il soit possible de s'imaginer; car il conçoit une haine mortelle contre cette vérité qui le reprend, et qui le convainc de ses défauts. Il désirerait de l'anéantir, et, ne pouvant la détruire en elle-même, il la détruit, autant qu'il peut, dans sa connaissance et dans celle des autres; c'est-à-dire qu'il met tout son soin à couvrir ses défauts et aux autres et à soi-même, et qu'il ne peut souffrir qu'on les lui fasse voir, ni qu'on les voie. C'est sans doute un mal que d'être plein de défauts mais c'est encore un plus grand mal que d'en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c'est ajouter encore celui d'une illusion volontaire ». Sartre et la thématique de la mauvaise foi. Mensonge à soi et mensonge aux autres car il est difficile d'assumer les multiples responsabilités qui nous incombent tant dans notre facticité que dans notre transcendance. Notre liberté nous angoisse et nous expose sans cesse à nous défausser d'une certaine vérité de nous-mêmes parce qu'elle nous dérange. Rien n'est plus inaccessible à l'homme que la sincérité puisqu'il n'existe pas dans l'identité de soi avec soi et l'authenticité n'est pas la vertu la mieux partagée. Il y faut un courage qui fait la plupart du temps défaut. Ici, il est intéressant de pointer cette tendance si courante du sujet à s'identifier à son rôle social. On pense bien sûr à l'analyse sartrienne du garçon de café. Il joue avec un tel sérieux son rôle qu'il se prend pour un garçon de café, qu'il confond sa personne avec son personnage. Et l'on observe que lorsque le rôle est gratifiant, la personne a l'impression de "n'être plus rien" lorsqu'elle en est dépossédée. Drame des disqualifications, de la retraite. "Dans toute carrière publique, une fois que l'on a construit son personnage et que le bruit qu'il fait revient à son auteur et lui enseigne ce qu'il paraît, celui-ci joue son personnage ou plutôt son personnage le joue" Valéry Mélanges. Freud et le thème de l'inconscient. S'il est vrai, comme l'analyse Freud, que notre psychisme est pour l'essentiel inconscient, il est clair que la conscience de soi ne peut pas être le moyen de se connaître. Le moi en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en dehors de sa conscience dans sa vie psychique ». Freud montre que la lucidité est barrée par principe car ce qu'il appelle inconscient, c'est l'écart entre le sens que chacun donne consciemment à ses faits et gestes et le sens que ces mêmes faits et gestes ont dans l'interprétation analytique. Seule la médiation d'un analyste permet au sujet de nouer un rapport plus lucide avec lui-même. Descartes et le thème de l'opacité de l'union de l'âme et du corps, les phénoménologues et le thème de l'opacité du corps. Etre l'union d'une âme et d'un corps Descartes ou être un corps phénoménologie c'est vivre d'une vie qui n'est pas transparente à l'entendement. J'ai bien conscience de ma déprime passion de l'âme mais sa genèse, les causes qui l'expliquent me demeurent inconnues. Ainsi en est-il chaque fois que mes états ne procèdent pas de l'initiative de ma pensée. Je subis dans la confusion mes états d'âme. Ma seule liberté consiste à me disposer d'une manière raisonnable à leur endroit. Ce que Descartes appelle faire un bon usage des passions de l'âme». Idem pour ce qui se passe dans mon corps. Pour l'essentiel je l'ignore. J'ai bien conscience de mon corps mais je suis privé de la connaissance de sa vie propre. Spinoza et le thème du rapport imaginaire à soi-même. Les hommes ont conscience de leurs actes mais ils ignorent les causes qui les déterminent. Seule la connaissance rationnelle, peut déraciner les préjugés en permettant une connaissance adéquate. L'objectivité, la vérité d'une connaissance sont des conquêtes non des données immédiates. Sartre et le thème de la nécessaire médiation d'autrui. Sans la distance que me donne sur moi-même le regard de l'autre, je ne suis guère en situation de rompre l'intimité de moi avec moi afin de me voir comme une conscience peut me voir. Le regard d'autrui en me chosifiant me met en demeure d'advenir à la dimension de la conscience, celle-ci ne s'actualisant que comme mouvement de division, d'écart de soi à soi. Le thème de la nécessaire médiation des épreuves et du temps. On peut jouer en imagination quantité de personnages. Celui du héros ou au contraire celui du poltron. On peut rêver disposer d'une liberté sans limites. Seule l'épreuve de la réalité nous permettra de prendre la mesure de notre courage ou de notre lâcheté et de la marge de manoeuvre de notre liberté. Par exemple, je pensais dans les temps heureux de la santé que dans la maladie implacable je demanderais à en finir et je découvre que je lutte pour sauver un ultime éclair de vie ; je pensais que la peur de mourir me rendrait lâche et je me découvre courageux. Je me croyais capable de soulever des montagnes et je m'aperçois que je baisse les bras à la première difficulté. Cf. St Exupéry dans Terre des hommes La terre nous en apprend plus long sur nous-mêmes que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle. Mais pour l'atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot ou une charrue. Le paysan dans son labour arrache peu à peu quelque secret à la nature, et la vérité qu'il dégage est universelle. De même l'avion, l'outil des lignes aériennes, mêle l'homme à tous les vieux problèmes » et bien sûr à celui, ici, des conditions concrètes de la connaissance de soi. Sartre a dit cela aussi, d'une manière terrible pour tous les hommes qui, au lieu de se faire être, se contentent de se rêver. L'homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. D'après ceci, nous pouvons comprendre pourquoi notre doctrine fait horreur à un certain nombre de gens. Car souvent ils n'ont qu'une seule manière de supporter leur misère, c'est de penser Les circonstances ont été contre moi, je valais mieux que ce que j'ai été ; bien sûr, je n'ai pas eu de grand amour, ou de grande amitié mais c'est parce que je n'ai pas rencontré un homme ou une femme qui en fusse digne ... Or, en réalité, pour l'existentialiste, il n'y a pas de possibilité d'amour autre que celle qui se manifeste dans un amour ... Un homme s'engage dans sa vie, dessine sa figure et en dehors de cette figure il n'y a rien » L'existentialisme est un humanisme. 1946. III Vanité d'une connaissance de soi qui n'est pas conscience de la distance séparant le sujet de toutes ses expressions provisoires et inaccomplies. La connaissance de soi est donc une entreprise qui excède les possibilités de la conscience de soi immédiate. Elle requiert de nombreuses médiations et est, au fond, toujours inachevée puisque l'identité d'un sujet n'est pas fixée une fois pour toutes. Elle se construit, se remanie continuellement en fonction des leçons de l'expérience et d'un projet d'existence. L'homme existe et il n'est que ce qu'il se fait, enseigne l'existentialisme. Il s'ensuit qu'on ne peut parler de l'être d'un homme qu'au passé. Oui, il a été ceci ou cela mais impossible de dire ce qu'il est, puisque tant qu'il vit, il peut toujours surprendre et se vouloir autre que ce qu'il fut jusque là. Telle est la condition du pour soi, c'est-à-dire de l'être impuissant à être dans la clôture et la plénitude de l'en soi. La vraie connaissance de soi n'est donc pas connaissance de ce que l'on est passivement. Certes, une personne intègre de nombreuses données empiriques qu'elle n'a pas choisies. Elle est un homme ou une femme, un blanc ou un noir, un tempérament apathique ou nerveux etc. Il ne s'agit pas de nier qu'il y a des éléments reçus dans l'identité d'un homme. Mais prétendre réduire son être à sa dimension de passivité, c'est s'identifier par sa facticité. Or, on se demande bien ce que peut être un "moi" en dehors de ce qui assure sa continuité, c'est-à-dire en dehors de la conscience qu'il a de lui-même. Un mythe dit Hume et Montaigne, fin analyste de l'expérience humaine avoue "Je ne peins pas l'être, je peins le passage". C'est dire que toute réification de soi dans l'invocation d'un prétendu être qui serait donné hors de la décision de le faire exister de telle ou telle manière est une stratégie de mauvaise foi. Il n'y a pas de sujet hors de l'opération par lequel il se pose, pas d'identité personnelle hors d'un processus d'identification. Le moi n'est pas un objet qui, hors de soi, serait à connaître, c'est un sujet ne prenant consistance que par le mouvement de nier tout ce en quoi il ne peut pas se reconnaître. C'est dire qu'il n'a pas d'être parce que son être c'est la liberté. Conclusion La conscience de soi n'est pas spontanément une connaissance de soi. Il faut, pour prétendre à une connaissance, quelle qu'elle soit, s'affranchir de tout ce qui aveugle car la lucidité et le souci de la vérité sont des conquêtes. Il y faut aussi de nombreuses médiations. Mais il convient de ne pas se tromper sur le sens d'une authentique connaissance de soi. Ce ne peut pas être une connaissance de type scientifique car un sujet ne peut pas être objectivé sans être nié. Se connaître revient donc, en dernière analyse, à se réfléchir dans sa dignité de sujet et pour cette opération la conscience suffit, à condition de préciser que cette conscience ne peut pas être la conscience spontanée. Pour qu'un sujet, une conscience ou une liberté puisse faire l'expérience pure de son être, l'ascèse d'une méditation métaphysique est nécessaire. Descartes a donné la mesure d'un tel exercice réflexif. Et cette méditation a ceci de singulier qu'elle est moins dévoilement d'une essence qu'assignation à une tâche spirituelle et morale. 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